Actualités
- L'INNOVATION EN HERITAGE
CENTENAIRE DE LA PREMIÈRE PIERRE DE L’USINE DE MÉAULTE
À l’origine de l’industrie aéronautique française
Il y a 100 ans, Henry Potez posait la première pierre de l’usine de Méaulte
C’est dans la ville où il a vu le jour qu’Henry Potez a lui-même donné naissance au projet d’une vie : construire une usine qui permettrait de produire des avions de façon industrielle. Une révolution en ce 1er juillet 1922 car il fallait avoir une vision conquérante pour se lancer dans une telle aventure.
Au commencement, un jeune ingénieur volontaire
Passionné dès le plus jeune âge par l’épopée aérienne, il avait déjà choisi une formation d’ingénieur aéronautique en intégrant l’école supérieure d’aéronautique et de construction mécanique en 1911 devenue depuis l’ISAE SUPAERO. Pendant son service militaire, il rencontre Marcel Bloch (futur Marcel Dassault) avec qui il concevra l’Hélice Eclair qui équipe la plupart des avions de guerre alliés dès 1917.
En 1918, il fonde avec lui la Société d’études aéronautiques puis après-guerre, Henry rachète les parts de son associé et crée en 1919 la Société des Aéroplanes Henry Potez. À l’époque, chaque avion est fabriqué de façon artisanale. Les premiers locaux sont trop petits dans l’ancien abattoir d’Aubervilliers qu’il a transformé, tant et si bien que les avions doivent être parfois assemblés sur les trottoirs adjacents. Mais rien ne l’arrête. Il aurait pourtant pu être échaudé par l’arrêt net des commandes de l’armée qui a donné le coup de grâce à sa première association. Visionnaire, Henry Potez perçoit le besoin grandissant en transport de fret. Avec le support technique de Louis Coroller, il décide d’investir pour concevoir un outil industriel moderne permettant d’augmenter les cadences de production et assurer un meilleur équilibre économique. Il construit une usine dédiée à Méaulte, sur ses terres. Le 1er juillet, la première pierre est posée.
Un tissu local transformé par l’industrie
Dans la région, on se souvient : « Un frémissement dans la foule : ils ont tous compris que ce n’est pas du tout un caprice d’ingénieur mais une vision exceptionnelle pour l’avenir de cette terre souvent meurtrie, mais qui toujours renaît plus forte tel le phœnix » écrit Jean-Pierre Dehondt, président de l’Association aéronautique histoire de Méaulte.
« l’avenir de cette terre souvent meurtrie »
Jean-Pierre Dehondt
En 1936, l’usine de Méaulte sera nationalisée sous le Front populaire et intégrée à la Société nationale de constructions aéronautiques du Nord (SNCAN). Après avoir été un temps administrateur délégué de l’usine nationalisée, Henry Potez est révoqué en 1940 et se concentre sur son site dédié aux Moteurs à Suresnes jusqu’à lancer une nouvelle activité d’avionneur en 1950 avec la création du Groupe Henry Potez puis le rachat en 1958 d’Air Fouga. Cette même année, l’usine de Méaulte devient quant à elle Nord-Aviation. Cette société intègre l’actuel Airbus Group en 1970 pour ses activités d’aérostructures : tour à tour Société Nationale des Industries Aéronautiques et Spatiales (SNIAS), Aérospatiale, EADS, Airbus, Aerolia puis Stelia Aerospace en 2015. Le 30 novembre 2021 l’usine Stelia Aerospace de Méaulte change de nom et devient l’un des sites de production clés d’Airbus Atlantic. Elle reste un véritable poumon économique pour toute la région.
« Nous sommes le 1er juillet 1922 à Méaulte , au milieu des champs dans un secteur appelé « Le Carcaillot », longé par la route d’Albert à Bray sur Somme. Un jeune Picard, Méaultois de naissance, âgé de 31 ans, entouré d’une foule d’amis, de proches, de bâtisseurs et de transporteurs de matériaux de construction : les Restani, les Capron… et tant d’autres, va déposer la 1ère pierre d’une usine de constructions d’avions. » Jean-Pierre DEHONDT. Découvrez l’exposition du centenaire organisée par l’Association aéronautique histoire de Méaulte du 28 juin au 1er juillet 2022 au Théâtre du Jeu de Paume d’Albert (80300).
Aujourd’hui encore, Antoine et Henry Potez aiment se rappeler la devise de leur arrière-grand-père : « motivation plus compétence égal succès ». Belle équation qui illustre l’état d’esprit ambitieux et exigeant qui rythme toujours la vie du groupe.