[PRESSE] Il y a 100 ans, le premier vol du Potez25

Il y a 100 ans, le premier vol du Potez 25, l’avion mythique de Guillaumet et de Mermoz qui a marqué l’aviation française. Le 28 mars 1925 décollait pour la première fois le Potez 25 depuis la piste de l’usine de Méaulte. C’est le début de l’aventure exceptionnelle de cet avion qui sera le plus produit dans l’entre-deux-guerres et dont le nom est associé à jamais à des aviateurs de légende.

C’est un avion qui a fait rêver et fait encore rêver les férus d’aéronautique. Un avion qui a cumulé les exploits, piloté par des aviateurs mythiques. Un avion de légende qui a sillonné les ciels du monde entier. Le Potez 25 a été l’appareil le plus construit dans l’entre-deux-guerres.

Henry Potez, un avionneur de génie

Et c’est à l’arrière des hangars de l’usine, qui le fabrique à Méaulte dans la Somme, qu’il décolle pour la première fois, un 28 mars 1925. “On retrouve la trace de ce premier vol dans le carnet de vol de René Labouchère qui était le chef pilote de Potez, explique Jean-Pierre Dehondt, président de l’Association aéronautique histoire Méaulte (AAHM). Mais on n’a pas d’autres indications sur ce premier vol.“

Le Potez 25 n’est pas le premier avion qu’Henry Potez fait voler. L’ingénieur, né à Méaulte en 1891, a commencé sa carrière dans l’aéronautique chez les frères Caudron, pionniers de l’aviation française, qui possèdent une usine d’aéronefs à Rue. Associé à Marcel Bloch en 1915, plus connu sous le nom de Marcel Dassault, Henry Potez fonde une usine de construction d’hélices sous la marque Éclair. Les deux hommes vont se lancer dans la conception d’un avion complet le SEA 4, un avion de chasse dont l’Armée de l’air commande 1 000 exemplaires. Le premier appareil est livré le 11 novembre 1918. Suivra une centaine d’autres exemplaires avant que l’Armée de l’air n’annule le reste de sa commande. Une décision qui fera abandonner l’aviation à Marcel Dassault.

Henry Potez persiste, seul. En 1919, il crée la Société des aéroplanes Potez. En 1921, sort le premier avion de l’entreprise, le Potez 15, un biplan monomoteur qui sera construit à 400 exemplaires.

Un avion polyvalent et économique à construire

Fort de ce succès, Henry Potez se lance dans la conception d’autres modèles. Mais son usine de Levallois-Perret est devenue trop petite. Il faut déménager. “Il décide alors de revenir à Méaulte, en pleine zone rurale. Grâce aux dommages de guerre perçus par ses parents, pour la destruction de leur Domaine du Vivier où il a vu le jour, il achète des terrains. Et le 1er juillet 1922, il pose la première pierre de sa future usine“, raconte Jean-Pierre Dehondt.

Dans “la plus grande usine aéronautique du monde” que le Potez 25, avion mythique, va voir le jour. Un prototype de ce nouveau biplan monomoteur biplace est assemblé dès 1924 pour pouvoir être présenté lors de la 9^e Exposition internationale de l’aéronautique (ancêtre de l’actuel salon du Bourget) qui se déroule au Grand Palais à Paris en décembre de la même année. “C’est un sesquiplan. C’est un biplan dont la surface de l’aile inférieure est une fois et demie plus petite que celle de l’aile supérieure, explique Jean-Pierre Dehondt. Ça permet au pilote d’avoir une meilleure vision du sol. Potez l’avait voulu comme ça parce qu’il voulait en faire un avion polyvalent.“

Cet avion fait de métal et de bois avec des ailes en toile de lin séduit par son coût de fabrication inférieur à celui de ses concurrents et par ses caractéristiques techniques. Il peut être équipé tous les types de moteur de 370 à 600 chevaux. Il est facile d’entretien et propose des dispositifs de sécurité innovants comme une cloison pare-feu et un réservoir protégé.

Méaulte, berceau du mythique Potez 25

Jusqu’au 28 mars 1925, date à laquelle il décolle pour la première fois de Méaulte, sous le regard inquiet d’Henry Potez, de Louis Coroller, son directeur des études et de tous les salariés. À bord du biplace, René Labouchère, le chef pilote de Potez. “Tout le monde croise les doigts parce que vous avez beau concevoir un avion, tant qu’il n’a pas volé, vous ne pouvez pas savoir comment il va se comporter en vol. Surtout à l’époque. Le premier vol d’un avion, c’est toujours quelque chose d’exceptionnel, indique Jean-Pierre Dehondt. D’autant plus, qu’à l’époque, les pistes d’avion à Méaulte étaient simples. On décollait pratiquement à la sortie des hangars, à l’arrière de l’usine en fonction de direction du vent. Il n’y avait pas une piste tracée précisément. On décollait toujours selon la direction du vent.”

L’aventure du Potez 25 et le succès de la Société des aéroplanes Potez sont lancés. “À partir de là, à Méaulte, l’artisanat, c’est terminé. On passe à la construction aéronautique en série. C’est de la chaîne, indique Jean-Pierre Dehondt. Il avait fait venir des ouvriers de son usine de Levallois et ensuite, il a recruté dans la région. Il a recruté tous les profils : des garçons vachers, des coiffeurs, des couturières et bien sûr, des ébénistes. Et il les a formés. C’était un ancien qui avait de l’expérience qui apprenait à un jeune. Il recrutait des ébénistes et des menuisiers parce que les avions étaient fabriqués majoritairement en bois. Et les couturières travaillent sur les toiles en lin des ailes. Pour l’anecdote, si vous vouliez un meuble ou une charpente dans le secteur d’Albert, il fallait patienter longtemps. C’était la même chose si vous vouliez une robe ou un costume !“

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